La colonisation israélienne en toute impunité
De 262 500 lors des Accords d’Oslo en 1993, la population israélienne installée dans le territoire occupé a quasiment triplé, atteignant 720.000 colons.
Le 17 janvier 2022, des représentants de l’Union européenne et des Etats membres assistaient à l’expulsion et à la destruction de la maison de la famille palestinienne Salhiye au profit de colons israéliens, dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. En réaction, l’UE a une énième fois répété sa position : « Les expulsions/démolitions sont illégales au regard du droit international et compromettent considérablement les perspectives de paix, tout en alimentant les tensions sur le terrain ». Même leitmotiv du côté de la Belgique où la ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, a encore rappelé à la Chambre des représentants le 1er février dernier : « Avec l’Union européenne, la Belgique considère que l’expansion des colonies, les démolitions, les expulsions sont illégales au regard du droit international. Elles exacerbent les tensions, menacent la viabilité et la solution à deux États et diminuent les perspectives d’une paix durable. »
Ces condamnations permanentes n’empêchent pourtant pas Israël de poursuivre sa politique de colonisation, au point d’être aujourd’hui qualifiée d’annexion du territoire palestinien. De 262 500 lors des Accords d’Oslo en 1993, la population israélienne installée dans le territoire occupé a quasiment triplé, atteignant 720.000 colons [1], répartis entre Jérusalem-Est et la zone C en Cisjordanie.
[1] Selon un rapport de l’OLP, qui s’appuie sur les chiffres de B’tselem
Une colonisation consolidée par son économie
Une importante vie économique s’est développée dans les colonies israéliennes au fil des années, constituée d’industries, de production agricole et d’exploitation des ressources naturelles du territoire palestinien. Ces activités économiques contribuent au maintien de la colonisation et à son expansion.
Plusieurs dispositifs attractifs incitent les entreprises israéliennes des secteurs industriels et agro-industriels à s’installer dans les colonies. Des subventions sont généreusement octroyées par l’État israélien : avantages fiscaux, ristournes sur la location des terrains, fonds alloués pour la recherche et le développement, etc. Sans oublier de mentionner les fonds considérables investis par le gouvernement pour la construction d’infrastructures à l’usage des colons, notamment les routes qui leur sont réservées et qui permettent l’accès rapide aux marchés israélien et étranger.
Une colonisation renforcée par le commerce avec l’UE
L’UE est le premier marché d’exportation pour Israël. Or une part considérable des produits israéliens exportés vers l’UE provienne en réalité des colonies.
Alors que l’établissement de colonies dans un territoire occupé constitue un crime de guerre selon le Statut de Rome, l’UE continue d’entretenir des relations commerciales avec les colonies israéliennes établies dans le territoire palestinien occupé. Ces liens commerciaux permettent la viabilité économique et l’extension de ces colonies. Alors même que l’UE dénonce la colonisation israélienne, elle contribue à la renforcer.
En effet l’UE est le premier marché d’exportation pour Israël, qui y bénéficie des avantages de l’Accord d’association entré en vigueur en 2000. Or une part considérable des produits israéliens exportés vers l’UE provienne en réalité des colonies, qui ne font pas partie du territoire israélien tel que reconnu par le droit international.
Et ces produits provenant de colonies illégales sont proposés aux consommateurs européens, le plus souvent à leur insu. En effet, l’étiquetage d’origine des produits des colonies israéliennes a beau être obligatoire dans l’UE depuis 2015, de nombreux produits sont encore commercialisés sans étiquetage correct. En achetant ces produits et services, les citoyens européens contribuent donc sans le savoir au vol des terres et à l’expulsion violente de familles palestiniennes.