N’investissons pas dans la colonisation israélienne !

Focus sur les liens financiers qui continuent d’alimenter les entreprises impliquées dans la colonisation israélienne.
 (Crédit : ©Al-Haq
Crédit : ©Al-Haq

Publié ce 5 décembre, le deuxième rapport « Don’t Buy Into Occupation » met en évidence les liens financiers qui continuent d’alimenter les entreprises impliquées dans la colonisation israélienne. Parmi les institutions financières pointées du doigt se trouvent plusieurs banques belges ou basées en Belgique, BNP Paribas étant encore une fois en tête de classement.

La coalition Don’t Buy Into Occupation [1] publie son deuxième rapport, mettant une nouvelle fois en lumière les liens financiers des banques et autres institutions financières européennes avec les entreprises impliquées dans la colonisation israélienne. Au total, le rapport n’identifie pas moins de 725 banques, gestionnaires d’actifs, compagnies d’assurance et fonds de pension européens qui financent des entreprises actives dans les colonies israéliennes en territoire palestinien occupé. Entre janvier 2019 et août 2022, ces institutions financières ont accordé 171,4 milliards USD de prêts et de souscriptions à ces entreprises. Elles détiennent aussi 115,5 milliards USD d’actions et d’obligations de ces entreprises.

Or, pour rappel, la colonisation du territoire palestinien, par le déplacement de populations issues de la puissance occupante et le déploiement d’activités économiques au service de celle-ci, sont constitutives de crime de guerre et entraînent de nombreuses autres violations du droit international humanitaires et des droits humains. Les Etats tiers, dont la Belgique, et les entreprises, ont donc l’obligation juridique de prendre toutes les mesures pour ne pas y contribuer.

Parmi les institutions financières actives en Belgique, on retrouve BNP Paribas, la KBC, Belfius, Delen Private Bank (dont Ackermans & Van Haaen détient 78,5% des parts), la Banque Degroof Petercam, AXA et ING. Ces banques financent des entreprises actives dans différentes activités allant de la démolition de maisons palestiniennes à la construction et l’expansion des colonies qui s’ensuit, en passant par l’exploitation illégale des ressources naturelles palestiniennes et le matériel de surveillance destiné à contrôler les populations palestiniennes vivant à proximité des colonies.

Le rapport met d’ailleurs en exergue l’impact des entreprises du secteur de la surveillance. Le territoire palestinien occupé est en effet l’un des endroits les plus surveillés au monde, ce qui engendre des séquelles physiques et psychologiques sur la population palestinienne. Et l’expertise israélienne est reconnue en la matière parce qu’Israël exporte des technologies « testées sur le terrain ».

Parmi les entreprises impliquées dans ce secteur, on retrouve Solvay, seule entreprise belge identifiée par le rapport comme étant directement impliquée dans la colonisation israélienne. Solvay fournit en effet des fibres renforcées pré-imprégnées pour le drone Hermes 450 de la société israélienne Elbit. Elbit est le premier fournisseur de drones de l’armée israélienne et fournit également d’autres outils de surveillance utilisés dans le territoire palestinien occupé. Or, selon les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, que Solvay dit respecter, l’entreprise doit mettre fin aux activités liées à de graves violations des droits humains, comme c’est le cas dans le territoire palestinien occupé.

Mais comme souligné plus haut, le rapport pointe en particulier les responsabilités de BNP Paribas. La banque est pour la deuxième année consécutive le premier créditeur de la colonisation israélienne avec plus de 25 milliards USD investis dans des entreprises directement impliquées dans la colonisation. Ces flux financiers sont autant de leviers que les banques doivent actionner pour pousser les entreprises à se désinvestir de la colonisation. Si ces entreprises refusent de le faire, les institutions financières doivent arrêter de les financer.

Le gouvernement belge a lui aussi un rôle important à jouer, étant donné qu’il est l’actionnaire principal de BNP Paribas détenant 7,7% de son capital, et le propriétaire de Belfius. Dès lors il peut pousser ces banques à revoir leurs relations avec les entreprises actives dans les colonies israéliennes. La coalition Don’t Buy Into Occupation demande également aux gouvernements européens de soutenir la mise à jour de la base de données des Nations Unies des entreprises liées à la colonisation israélienne.

Récemment le ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne a annoncé vouloir sanctionner les entreprises liées à la colonisation israélienne. Dans sa note de politique générale pour 2023, il annonce avoir « demandé une étude sur la possibilité pour la Belgique de sanctionner les entreprises belges qui ont des relations économiques et/ou commerciales et/ou financières avec les entreprises qui figurent sur la liste des Nations Unies ». La coalition Don’t buy into occupation salue l’initiative qui établit un lien entre la politique de différenciation vis-à-vis des colonies israéliennes et le devoir de vigilance des entreprises.

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[1La coalition Don’t buy into occupation (DBIO) est composée de 24 organisations européennes et palestiniennes. Les membres belges de la coalition sont le CNCD-11.11.11 et son homologue flamand, la CSC, la CNE, et Fairfin.